Mais il y a parmi les astres cinq autres bien
différents, qui parcourent ces douze constellations
en sens opposé [du mouvement diurne], ce qui
fait qu'on ne peut pas leur reconnaître un lieu fixe,
parce qu'ils changent sans cesse de place [La
Sphère céleste]; les temps de leurs
révolutions durent des années, et leur
réunion en un seul lieu ne se fait qu'après
des espaces de temps bien plus long encore. Je ne pourrai
donc indiquer ces astres errants [ou
planètes], que par les cercles qui traversent les
étoiles fixes, et par d'autres significations
célestes.
Ces cercles sont comme les mobiles au nombre de quatre. Leur
connaissance est utile à toute personne curieuse de
connaître la durée des années
[L'Année et les saisons]. On les distinguera
aisément à plusieurs indices qui sont dans
leur proximité. Ils sont fixes.
Quand dans une nuit (Les Jours et les Nuits) sereine, le
ciel étale toutes ses étoiles, dont la
nouvelle lune[Phase] n'a pas diminué
l'éclat, et lorsqu'elles paraissent dans toute leur
beauté, vous ne pouvez vous empêcher
d'être frappé d'admiration à la vue du
ciel décoré de cette large bande circulaire
que l'on vous montre parsemée d'étoiles,
à laquelle on a donné le nom de lactée
[La Voie lactée] , parce qu'aucun autre
cercle n'imite aussi bien la couleur du lait. Deux des
cercles visibles sont aussi plus grand que lui. Mais les
deux autres sont beaucoup plus petits.
De ceux-ci, l'un est boréal. Les deux têtes des
Gémeaux y tournent ainsi que les genoux du Cocher, la
jambe et l'épaule gauche de Persée, avec la
moitié supérieure du coude du bras droit
d'Andromède, dont la main a sa paume tournée
en haut, et le coude vers midi. Les sabots du Cheval
[Pégase], le col du Cygne et le haut de sa
tête avec les belles épaules d'Ophiuchus, le
décrivent en marchant circulairement. La Vierge un
peu plus australe ne l'atteint pas, mais bien le Lion et le
Cancer; ceux-ci sont hors de lui, mais ce cercle coupe la
poitrine et le ventre de l'un, jusqu'à ses parties
honteuses, ainsi que le Cancer dont il partage
l'écaille, tellement qu'un des yeux est d'un
côté, et l'autre d'un autre. Ce cercle
étant divisé en huit parties égales,
cinq font toujours leur révolution au-dessus de la
Terre et trois au-dessous. Car c'est celui où le
soleil retourne sur ses pas pendant l'été. Il
est du côté du pôle boréal, et sur
le Cancer.
Mais il y a vers le pôle austral opposé un
autre cercle qui passe par le milieu du Capricorne, par les
pieds du Verseau et par la queue de la Baleine. Le
Lièvre y est placé, ainsi qu'une petite partie
du Chien, mais c'est seulement autant qu'il le touche de ses
pieds. On y voit aussi le vaisseau Argo, les larges
épaules du Centaure, l'aiguillon du Scorpion, et
l'arc du brillant Sagittaire. Le Soleil sorti du cercle
boréal, entre ensuite dans le cercle austral,
d'où il retourne vers le premier pendant l'hiver des
huit parties de ce cercle, trois sont toujours au-dessus de
la Terre, et cinq au-dessous.
Par le milieu de ces deux cercles, passe un autre cercle qui
descend de la même quantité que le cercle
lacté sous Terre, comme pour la partager en deux
moitiés. Quand le Soleil parcourt ce cercle, il rend
les jours égaux aux nuits [Equinoxe], tant
à la fin de l'été, qu'au commencement
du printemps. Ses constellations sont le Bélier et
les genoux du Taureau. Le Bélier y est de toute sa
longueur, ce qui paraît du Taureau, jusqu'aux genoux,
le ceinture du brillant Orion, la sinuosité de
l'Hydre brûlante, la coupe de moyenne grandeur, et le
Corbeau, quelques étoiles des serres, et les genoux
d'Ophiuchus. L'Aigle ne s'y trouve pas divisé, mais
ce grand messager de Jupiter n'en est pas
éloigné et la tête et le col du Cheval
[Pégase] y circulent tout près des
astres.
L'axe du monde fait tourner ces cercles qu'il tient
perpendiculaires sur lui-même en passant par leurs
centres, mais le quatrième cercle fixe est oblique
sur eux en touchant les deux tropiques aux points
opposés, et en entrecoupant avec le troisième
cercle l'un et l'autre par moitiés. Personne ne fera
jamais tourner les fuseaux de Minerve, quoique instruit par
elle-même, ni aussi grands, ni avec autant de
rapidité, que ces cercles emportés obliquement
chaque jour dans les airs, de l'aurore au couchant. Les uns
se lèvent en même temps que les autres
s'abaissent, tous d'une manière uniforme, car il n'y
a pour tous qu'une loi qui les fasse mouvoir, et descendre
de la même quantité dont ils montent.
Mais le cercle oblique traverse autant d'espace par-dessus
l'océan, qu'il y en a du lever du Capricorne au lever
du Cancer, en se couchant à la même
déclinaison de laquelle il s'est levé, mais
opposée.
Si l'on prend la longueur du rayon visuel depuis l'il
jusqu'au ciel, et qu'on le porte six fois sur la
circonférence du cercle, il le coupera en parties
égales chacune de deux constellations; on l'a
appelé le cercle des animaux [zodiaque],
parce que le Cancer y est placé, le Lion dessus et la
Vierge dessous, les Serres [auj. Balance], le
Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne; après
celui-ci, le Verseau, puis la constellation des Poissons,
à la suite desquels sont le Bélier, le Taureau
suivi des Gémeaux.
Le Soleil, en parcourant chaque année ses douze
signes, produit les saisons qui fertilisent la terre pendant
qu'il décrit ce cercle dodécadaire qui est
d'une part autant élevé au-dessus de la terre
qu'il est de l'autre part enfoncé sous le convexe
Océan. Six de ces douze signes se couchent toutes les
nuits pendant que les six autres se lèvent, et la
longueur de chaque nuit est proportionnée à la
quantité dont la moitié de ce cercle est
élevée au-dessus de la terre, depuis le
commencement de la nuit.
Il ne sera pas inutile d'observer en quels jours se
lève chacune des parties de ce cercle, car il y en a
toujours quelqu'une avec laquelle le Soleil se lève.
On les reconnaît aisément à la simple
inspection; mais comme elles sont souvent obscurcies par des
nuées, ou cachées par des montagnes lors de
leur lever, il faut se faire d'autres marques pour savoir
dans quel temps elles se lèvent. L'Océan vous
en présente les moyens de part et d'autre, puisque
ces constellations, toutes nombreuses qu'elles sont, font
leur circulation dans leurs cercles respectifs, chacune
depuis le bord de l'horizon oriental.
Quand le Cancer se lève, vous voyez quelles sont les
étoiles qui marchent en même temps que lui; les
unes se couchent à l'occident, les autres se
lèvent à l'orient. La Couronne se couche,
ainsi que le haut de l'épine du Poisson. On voit la
moitié supérieure, tandis que la moitié
inférieure descend par ses extrémités.
Mais à l'opposé, le Poisson avance ses parties
supérieures pendant la nuit, mais non le bord de son
ventre. Le Cancer entraîne le Serpentaire qui a peine
à le suivre par les genoux jusqu'à ses
épaules, et il amène le serpent jusqu'au
cou.
Le gardien de l'Ourse ne se montre plus en égale
portion, de jour et de nuit, mais la moindre pendant le jour
et la plus grande pendant la nuit. L'Océan
reçoit le Bouvier qui y descend de quatre de ses
parties, et qui, quand il est rassasié de la
lumière du jour, y demeure jusqu'à plus de la
moitié de la nuit, depuis le soir qu'il se couche
quand le Soleil s'incline vers l'Occident. ces nuits sont
dites celles où il se couche tard. Tel est alors le
coucher de ces astres. Mais Orion qui leur est
opposé, brillant de son baudrier et de ses
épaules, et confiant dans son épée, se
lève avec le Fleuve Eridan entier, et paraît de
toute sa grandeur.
Quand le Lion se lève, tout ce qui accompagne le
Cancer se baisse vers l'Occident, et l'Aigle aussi tout
entier. Mais l'Homme à genoux [Hercule] ne
descend au-dessous de l'horizon que jusqu'au genou droit
qu'il ne plonge pas dans l'Océan orageux. La
tête de l'Hydre se lève alors, ainsi que le
Lièvre gris, le Petit Chien, et les pieds
antérieurs du Chien brûlant [Sirius,
Canicule].
La Vierge en se levant ne fait pas descendre un moindre
nombre d'astres sous la terre, car alors la Lyre de
Cyllène et le Dauphin se couchent, ainsi que la
Flèche, en même temps que le devant des ailes
du Cygne jusqu'à sa queue et la dernière
partie du fleuve [Eridan] se cachent. La tête
du Cheval [Pégase]et son col se couchent
aussi alors, mais la plus grande partie de l'Hydre se
lève jusqu'à la croupe, et le Chien en
s'avançant amène ses pieds de derrière,
et tire après lui la poupe du vaisseau Argo
constellé qui monte au-dessus de la terre,
coupé par le milieu à son mât, quand la
vierge entière est déjà sortie de
dessous terre.
Les Serres, quoiqu'avec une lueur faible, ne se
lèvent pas sans être vues, puisqu'avec elles le
Bouvier remarquable par l'étoile Arcturus se
lève tout entier. Le vaisseau Argo au contraire ne
paraît pas entièrement au-dessus de la terre,
mais à la queue près, l'Hydre qui
s'étend dans une grande partie du ciel. Les serres
amènent aussi le serpentaire Ophiuchus, mais
seulement sa jambe droite jusqu'au genou de l'Homme
(Hercule) toujours agenouillé et toujours
penché vers la Lyre; seul de tous les groupes
célestes, nous le voyons dans la même nuit se
coucher d'un côté et se lever de l'autre.
Sa jambe paraît seule avec les deux Serres; pour lui,
la tête tournée d'un autre côté,
il attend le lever du Scorpion et du Sagittaire. Car ces
deux signes le portent, celui-ci par le milieu, et tout le
reste ensemble en avançant vers lui sa main gauche et
son arc avec sa tête; et c'est ainsi qu'il passe en
trois portions. Les Serres entraînent la moitié
de la Couronne, et le bout de la queue du Centaure, alors
que le Cheval se couche après sa tête
déjà enfoncée, et il attire le bout de
la queue du premier Oiseau.
La tête d'Andromède se couche en même
temps, le midi nébuleux envoie après elle la
monstrueuse Baleine, et à l'opposé,
Céphée l'attire du côté du
septentrion par un grand geste de sa main. La Baleine tombe
par le dos vers lui, et Céphée par la
tête, la main gauche et l'épaule. Au lever du
Scorpion, le sinuosités en fleuve se rendront au
vaste océan, où il effrayera par sa venue le
terrible Orion, qu'Artémis a puni, selon une
tradition antique.
On raconte que le brave Orion lui enleva son voile, quand
dans Chio assisté d'Oenopion, il terrassait les
bêtes féroces à coup de massue; la
déesse envoya contre lui un autre animal, entre les
collines qui règnent au milieu de l'île;
c'était un énorme scorpion qui le mordit et le
fit mourir, pour l'insulte qu'il avait faite à
Artémis. C'est pourquoi on dit qu'à la venue
du Scorpion, Orion s'enfouit sous terre à
l'opposé, et tout ce qui reste d'Andromède et
de la Baleine s'enfuit visiblement avec lui. Alors
Céphée rase la terre, de sa ceinture, en
baignant sa tête dans les eaux de l'Océan, mais
non, aucune de ses autres étoiles, les Ourses
retenant ses pieds, ses genoux et ses reins.
La malheureuse Cassiopée s'afflige du sort de son
enfant, ni ses pieds ni ses mains ne paraissent
honorablement se porter hors de sa chaise, mais elle se
jette comme en plongeant la tête la première
dans l'eau, jusqu'aux genoux, ne pouvant sans de grandes
peines se comparer à Doris et à Panope.
Pendant qu'elle tombe à l'Occident, les seconds
contours de la Couronne et les dernières partie de
l'Hydre, reviennent au ciel, avec le corps et la tête
du Centaure et la bête que le Centaure tient à
la main droite.
Les pieds antérieurs de ce géant à
cheval, sont suivis de l'arc qui commence à se
montrer; et avec l'arc, montent la circonvolution du
Serpent, et le corps d'Ophiuchus. Le Scorpion en se levant
agite ses articulations écailleuses, et amène
après lui les mains d'Ophiuchus, avec les premiers
traits du serpent lumineux étoilé, et de
l'Homme à genoux, car celui-ci, se lève
toujours renversé en faisant sortir d'abord sa
ceinture et ses épaules avec sa main droite, puis la
tête et l'autre main montent en même temps que
le Sagittaire se lève. Avec ces astres apparaissent
la Lyre d'Hermès, et Céphée qui ne se
montre que de la poitrine hors de l'Océan.
Alors tous les feux de la grande voie s'éteignent
dans l'eau où ils tombent avec toutes les parties
d'Orion, le Lièvre poursuivi se cache tout entier,
mais non les Chevreaux* ni la
Chèvre (Capella), qui brillent dans les mains
d'Héniochus, et se distinguent de ses autres membres,
ils restent pour exciter les tempêtes quand ils se
lèvent avec le Soleil. Le Capricorne, en montant en
amène la tête, l'autre main et les reins. Tout
ce qui est plus bas descend avec le Sagittaire, et ni
Persée, ni le bec du navire [Argo]
constellé ne demeurent au-dessus de l'horizon; car
Persée disparaît, à l'exception de son
genou et de son pied droit; du Navire, il ne reste que ce
qui sert à faire tourner la poupe, le corps du
vaisseau s'en va lorsque le Capricorne vient, et en
même temps le Petit Chien s'enfuit, mais les
constellations de l'Oiseau (le Cygne), de l'Aigle, et de la
Flèche ailée reviennent avec l'Hydre
sacrée de l'Autel austral.
Le Cheval, au lever du Verseau, monte aussi de ses pieds et
de sa tête; et à l'opposite du Cheval, la nuit
étoilée attire le Centaure par la queue, sous
les eaux, mais elle ne peut en absorber la tête, ni
les larges épaules avec la poitrine; elle
entraîne la courbure du cou et le front de l'Hydre
flamboyante, dont le reste demeure visible. Mais cette
partie postérieure s'en va aussi avec le Centaure,
quand les Poissons se lèvent.
* Les
Chevreaux sont un astérisme de la constellation du
Cocher, situé au Sud de Capella (aussi appelée
la Chèvre) et composé par les étoiles
Epsilon, Dzêta et Eta.Celles-ci forment un triangle
isocèle ayant au sommet Epsilon est angle très
aigu. Les astronomes les utilisaient dans le passé
pour juger du degré de pureté de
l'atmosphère, car elles ne sont visibles que par un
très beau temps.
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